Arrivé dans la soirée à Rovaniemi, la première
chose qui m’a frappé n’est pas le froid comme l’on pourrait s’y attendre. C’est
les 50 à 80cm de neige qui m’ont paru bien faiblard en rapport au souvenir de
mon enfance dans une ville haut perchée et qui recevait chaque saison une dose
bien plus importante d’or blanc. Je m’attendais donc à des murs de neige sans
fin. Le froid est vif, mais sec, ce qui procure une sensation moindre qu’en
zone humide.
Réveil matinal et frugal petit déjeuner. Notre
guide nous attends car nous partons en motoneige. Mais avant cela il faut
passer par la case équipement. Chaud, froid, quelques soit les conditions
extrêmes dans lesquelles vous vous trouvez il ne faut jamais négliger son
environnement, au risque de le payer très cher !
On ne traverse pas un désert sans eau, ni
quelques nourritures. Il en va de même pour la traversée de lac gelée et de
forêt immense dans une zone ou -25C° donne à l’autochtone le commentaire
suivant. – Fait plutôt bon aujourd’hui !
Donc l’équipement. Sous vêtement thermique
chaud, deux couches s’il vous plait ! Pull, jaquette polaire par dessus
pour finir par la veste HH bien chaude. Chaussettes dans bottes spéciales grand
froid, gants, écharpe et bonnet. C’est le genre d’habillage que chacun d’entre
nous peut faire…mais c’est loin d’être suffisant ! Par dessus tout cela,
vous prendrez soin de mettre une combi thermique, des bottes ainsi que deux
paires de chaussettes fournies et des moufles par-dessus vos gants. Pour ma
part j’ai échappé au bottes, l’organisateur n’avait pas mieux à me donner que
mes Colombus garanti -54C°. J’allais oublier les deux cagoules, genre braqueur,
et le casque… ben oui, ‘y a pas de roue, mais cela reste de la moto on vous
dit ! Petit conseil. Une fois équipé, sortez vite à l’extérieur, sans quoi
vous allez vous transformer en sauna humain !
Petit briefing sur l’utilisation des
motoneiges, genre, gaz, frein, gauche, droite et basta. L’engin est
rudimentaire, mais bougrement efficace et nerveux. Un petit coup de pouce sur
l’accélérateur et hop c’est parti. Ni une ni deux notre petit groupe démarre.
Nous sommes six motos et nous prenons un chemin derrière notre hôtel. Après
quelques minutes nous descendons dans ce qui paraît être une grande plaine,
large et bien plate. A quelques centaines de mètres sur notre gauche et notre
droite, la forêt laponne. Il va falloir plusieurs minutes avant que je ne
réalise exactement ou nous sommes. C’est le passage sous un pont qui va me le
faire comprendre. Nous sommes à l’embouchure d’une rivière, et cette plaine
devant nous n’est autre qu’un lac. Le décor est magnifique et nous faisons
plusieurs centaines de mètres avant d’atteindre la rive opposée. Si la couche
de neige n’est pas énorme comme je pouvais le penser, ils n’en reste pas moins
que les températures extrêmes préservent le moindre centimètre de celle ci.
Ainsi chaque branche d’arbre plie sous le poids de sa cangue glacé. La plus
petite rambarde devient ainsi une sculpture de glace ayant pris la forme de son
hôte, mais que le vent et « la chaleur » de la journée aura travaillé
tel un morceau de métal en fusion.
Nous traversons la forêt et chaque clairière
baignée de soleil est un enchantement pour le regard. Nous nous arrêtons ici ou
là pour contempler se spectacle merveilleux.
Les arrêts ont aussi une utilité très basique.
Il faut absolument bouger. Sur les motos nos mouvements sont limités et le
froid glacial perce tout. Malgré des poignées chauffantes sur les motos, le
bout des doigts s’engourdis, idem pour les pieds. Les pourtours de la cagoule
se couvrent de givre sous l’effet de la condensation provoqué par la
respiration. L’intérieur de la visière du casque est gelé. Ces arrêts ne sont
pas juste pratiques, ils sont aussi des breaks de sécurité et de santé. Il n’y
paraît pas comme ça, mais par moins 30 degré sur une moto entre 30 et 50kmh le
souffle que cela provoque ainsi que les volutes de neige de l’engin devant
vous, sont autant d’élément réfrigérant supplémentaire.
Nous parcourons trente kilomètres dans une
nature sauvage et préservée. Combien parmi vous se disent « des vacances
par -30 dans un coin pareil, mais vous êtes pas fini ! ». Alors oui
il fait très froid, oui il est plus facile de mettre un maillot et de se poser
le cul dans le sable chaud…Mais même si ici on se pèle, même si le soleil ne se
lève pas avant 9h30 et se couche (feignasse) à 16h30 et même si 5 ou 6 heures
dehors te bouffe autant d’énergie qu’une semaine de boulot, quel pied tout
ça !
Parce-que au bout de notre balade nous
attendait une ferme de Huskys Sibérien. Un thé et quelques biscuits plus tard
et nous nous retrouvons à la tête d’un attelage de six chiens avec le traineau.
Gazelle prend les commandes de la meute et nous voilà dans les petits sentier
de la forêt. Je suis donc installé dans le traineau et le froid me brule le
visage. Je décide donc de tirer la couverture jusqu’à mon nez. Quelle foutue
idée ! Elle pue, mais elle pue, c’est immonde. Je ne sais pas ce qu’elle
sent, pas le chien dirai-je, mais elle schlingue grave ! Malgré ça, je me
protège quand même avec, le froid ou l’odeur, j’ai choisi !
Nous avons certainement les chiens les plus
dissipés du groupe. Ils décident parfois de s’arrêter sans raison. Se mettent à
courir comme des dératés, n’avancent que lorsqu’on leur parle russe
« davaï, davaï », s’emmêlent dans les harnais ou se bouffent entre
eux, pas trop content du voisin de trait à leur côté. Notre guide se verra
contraint de changer l’ordre des chiens et devra démêler un maladroit à
plusieurs reprises. Mais quelle chouette balade. A mis parcours, Gazelle passe
dans le traineau et je prends la direction de la meute. C’est impressionnant de
force. Deux adultes, la luge, et six chiens de 20 kilos chacun pour tirer le
tout.
Après cette balade canine, nous refaisons le
parcours en sens inverse, après s’être réchauffé un moment au coin d’un feu. A
l’image de l’aller, le retour et magnifique.
Nous arrivons à l’hôtel pour repartir
immédiatement, mais en voiture cette fois. A destination ce sont des rennes qui
nous attendent. Traineau, petite explication de fonctionnement du bestiau et
hop c’est parti. Pour le fonctionnement c’est plus que rudimentaire. Y’a une
corde et tu la tiens, ni trop lâche, ni trop tendue, mais pour le reste, en
gros l’animal connaît son parcours et fait ce qu’il veut ! Le nôtre nous
en fera d’ailleurs la démonstration en ne voulant pas s’arrêter et en décidant
de faire un second tour. Au final, nous avons reçu notre « Driver
Licence » de rennes, valable 5 ans et reconnue dans le monde entier…bon
y’a pas des rennes partout me direz-vous. Certes, vous avez donc tout
compris !
Après tout cela, nous avons encore été au
village de Santa Claus, le vrai, celui de Rovaniemi, pas un quelconque clanpin mal
déguisé. Il nous a demandé d’où on venait et plein de petit truc, genre depuis
combien de jour on est là etc.… A la fin on a même fait une photo avec lui,
Gazelle d’un côté et moi de l’autre, pis quant on est sorti, il nous a fait
demander 25 euros pour la photo. Il paraît que c’est pour financer les cadeaux
de tous les enfants du monde de la planète. Alors quant on vous dit c’est le
vrai père noël !!!
Le soir c'est repas traditionnel dans un resto très typé du coin. Saumon, blinis, oeufs de poissons, renne et élan, le tout rincé d'une bonne bière finlandaise et entrecoupé d'une vodka locale...miam!
Le soir c'est repas traditionnel dans un resto très typé du coin. Saumon, blinis, oeufs de poissons, renne et élan, le tout rincé d'une bonne bière finlandaise et entrecoupé d'une vodka locale...miam!