Le jour prenait congé et déjà l’horizon commençait à s’obscurcir.
La température était douce et une brise rendait la moiteur de cette fin de
journée plus supportable. A peine le temps de finir la dernière gorgée de bière
tiédie par l’air ambiant que le ciel changea de robe pour en passer une d’un
blanc laiteux.
Il en est ainsi des conditions climatique dans ces pays
tropicaux. Comme en montage ou en pleine mer, tout peu changer en quelques minutes.
Ce qui paraissait serein et sans soucis, se transforme pour devenir sauvage,
inquiétant et même parfois dangereux.
A des milliers de kilomètres de ces phénomènes il est
parfois difficile de comprendre certaine de ces modifications aussi soudaines
qu’intenses et qui arrivent même à surprendre les locaux.
La brise s’est changée elle aussi, pour devenir un vent
puissant. Le départ est alors aussi fulgurant que le sprinter qui sort des
starting-blocks et d’un seul coup des pluies diluviennes s’abattent sur la
région. Je vous plante le décor de ces dernières 48 heures. Des trombes d’eau,
des routes inondées avec une situation qui empire d’heure en heure. De bref répits,
de quelques heures tout au plus, permettent aux routes de se vider un peu vers
la mer d’Andaman. On a vu dans la ville voisine, 10 à 15 centimètres d’eau dans
les rues, et en quelques minutes.
Le nord de Bangkok était sous 80 centimètres à 1 mètre d’eau
la semaine passé. La Thaïlande connait les plus fortes pluies depuis ces cinquante
dernières années. Par endroit il est tombé entre un mètre à un mètre trente
cinq d’eau en 3 heures. C’était la zone de Bangkok, mais maintenant cela se déplace
par ici plus au sud du pays. Pas ou peu de trace dans les journaux d’occident,
quelques infos sur l’Inde voisine qui subit le même sort par endroit ainsi que
la Malaisie ou nous serons de passage demain. Pas d’inquiétude, à priori nous
ne risquons rien, hormis de patauger jusqu’au bas de caisse de la voiture dans
notre trajet de demain vers Phuket. Pour ceux qui restent ici c’est un peu plus
compliqué. J’ai lu dans la presse locale que certaines routes à Phuket étaient
sous l’eau jusqu’à un mètre. Espérons que l’on arrive jusqu’à l’aéroport !
Le ciel gronde et se déverse, mais il n’est pas le seul qui
gronde. Ou sont les millions investi pour les
drainages prévus après des violentes moussons passées.
Et il est vrai que l’on
a vu pourquoi des routes sont sous l’eau. Les ruisseaux des collines deviennent
des torrents et alors qu’en général un filet d’eau passe en permanence sur la
route, là c’est ce torrent qui passe et rien n’a été fait pour qu’il passe au
dessous. Pourtant un ou deux tuyaux en PVC de 80 et l’affaire est réglée.
Après avoir vu cela, il est plus facile de comprendre
pourquoi une rue, un quartier, un village ou même une ville entière est prise
par les eaux, et piègent ces habitants en quelques minutes à peine. Vu de son
canapé au 20h on se demande souvent comment ont-ils été surpris ? Pourquoi
ne sont-ils pas montés sur les collines plutôt que se retrouver encerclé sur
leur propre toit ? Simplement parce qu’ici tout est plus rapide, plus
violent et plus imprévisible que ce à quoi nous sommes habitués.
Mais ne nous méprenons pas, les gens ne sont pas malheureux
pour autant. Non ils s’adaptent simplement. En scooter le parapluie remplace le
téléphone portable, à pieds c’est chaussures en mains que l’on déambule. Un sac
poubelle fait un excellent imper, et un sachet plastic de supermarché (interdit
en France) fait un super chapeau contre la pluie…et pour les autres c’est une
occasion de prendre un bonne douche chaude, c’est tout au moins ce que dirons
les mauvaises langues. Mais vous savez bien que je n’en suis pas une !
Bien donc demain on rentre, après ces dernières heures de mousson, nous allons retrouver le soleil genevois...comment dites vous? Il pleut aussi!
A fichtre, ici elle a au moins la température d'une blonde anglaise...