Samedi 1er février, les premières lueurs du jour
n’ont pas même une demi-heure, que déjà nous roulons sur le tarmac de
l’aéroport de Genève. Après une courte nuit, cela fait un peu moins de trois
heures que nous sommes debout et opérationnels. Dès cet instant, nous savions
que nous démarrions une course contre et avec la montre.
Contre la montre, car nos changements de vols sont
millimétrés. Faisables, mais un grain de sable et toute la machine s’enraye. Avec la montre,
parce que le fait d’aller dans le sens positif des fuseaux horaires, nous donne
une journée qui nous fait suivre le soleil et sa divine lumière. Nous décollons
à l’instant avec 30mn de retard, ce qui stresse déjà notre Laurette qui nous
accompagne dans ce périple, notre pilote va faire péter tous les radars de
l’hexagone puisqu’il va reprendre un quart d’heure et nous faire une Genève
Paris en un petit 45mn. A la porte de débarquement, notre retard n’affiche plus
que 10 minutes ! Un véritable exploit si l’on songe que c’est Air
France ! Pas de course entre les deux terminaux de CDG pour prendre le vol
de New-York. Dix minutes de battements entre notre arrivée devant la porte et
l’embarquement, juste de quoi faire un petit pipi et l’envoi d’un SMS que déjà
nous décollons vers JFK.
Un vol sans histoire, mais surtout un pilote qui prend
la route la plus au nord que je n’ai jamais faite pour un transatlantique vers
New-York. Habituellement nous effleurons à peine l’Angleterre, que là nous
survolons le nord anglais et continuons en rasant l’Islande et le Groenland.
C’est juste après ce dernier, que nous survolons la mer du Labrador quasi gelée
et qui va nous donner un spectacle fabuleux depuis onze mille mètres. Plus bas
le St Laurent et les zones humides de Gaspésie vont nous offrir une vision
similaire. Alors que nous venons de passer le nord gelé, nous savons que c’est
le sud chaud qui nous attend, mais avant New-York et les contrôles US, il va se
dérouler en un temps record, juste un papier manquant à notre miss US, mais
rapidement tout rentre dans l’ordre, nous sommes devant la porte pour le
dernier décollage du périple. Non seulement on va partir à l’heure, mais le
pilote va même nous poser à Santo Domingo avec près de 40 minutes d’avance.
Quelques jours auparavant, j’expliquais aux filles que mon arrivée en
République Dominicaine avait été mouvementée, même si à cette époque je n’en
savais rien. C’était mon 1er vol et donc mon 1er
atterrissage.
Par la suite j’ai compris
que taper la piste à haute vitesse et avoir l’impression que les jantes du
train s’enfoncent dans le tarmac, le tout dans un bruit de ferraille qui se
fracasse, n’est pas un atterrissage normal. A 20 minutes de la piste nous
sommes encore à 850km/h et à 9500 mètres. On plonge littéralement, mais à 6mn
de poser, nous sommes à encore 4 ou 500 mètres et à plus de 450km/h.
Intérieurement je me dis qu’il va beaucoup trop vite et que sa descente n’a pas
été normale. Laure exprime le même sentiment. Même si tout ça semblait douteux,
on voit le sol, c’est bon et je me tourne vers ma gazelle pour lui dire comme
dab « On va poser ! » A peine ai-je fini ma phrase que nous
sentons le choc et le bruit. Il écrase les freins, l’avion ralenti, ouf !
Mon 1er ici avait violent, mais celui-ci est encore pire, il gagne
le titre du pire que je n’ai jamais vécu et je crois que je ne suis pas le
seul. Prenons le positif, nous avons 40 minutes d’avance.
Nous prenons notre voiture de location, direction Samana,
enfin si ce foutu GPS veut bien nous indiquer le chemin. En fait il est
totalement inopérant, nos 40mn d’avance vont fondre et se transformer en 1h30
de retard avec en prime visite des bas-fonds de Saint Domingue. Zone sordide,
sale, mal voire pas éclairée et jonchée de détruits. Aucune envie de s’arrêter
là, ça zone un max, je pense même l’endroit dangereux. Le GPS de secours de mon
phone va nous sauver, fort heureusement. Nous arrivons à quitter la ville, non
sans mal. Il faut regarder partout et être super prudent. Les voitures sont des
épaves et n’importe quel véhicule Roumain ou Ouzbek passerait pour une Rolls
ici. Les règles de circulations n’existent pas, et les routes sont un lieu
d’anarchie aux dangers permanents.
L’autoroute, difficile à trouver et payante, est quasi déserte. Sur les
160 km, il va presque pleuvoir en permanence. Par endroit nous sommes face à
une mousson terrible. Des murs d’eaux s’abattent sur nous, la fatigue, la nuit
sans lune et cette pluie… Enfin les premières lumières de Samana. Notre trip a
démarré il y a 24 heures, nous sommes enfin sur place, vite un lit !
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